PlanetHumus

AGRICULTURE – Ressources alimentaires, eau, climat, énergie, exodes – migrations. Appliquons les connaissances en sciences du sol. Car nous avons désertifié la moitié des terres fertiles du Globe depuis 10'000 ans. PHOTOSYNTHESE VEGETALE et HUMUS de la terre se situent au coeur des solutions. D'immenses régions sahariennes, du Moyen-Orient et méditerranéennes étaient vertes auparavant. Solutions : régénérer l'humus et la biodiversité des sols, reforester. C'est possible, l'expérience le montre…

La Terre incendiée

« LA TERRE INCENDIEE »

Essai d’Agronomie comparée

de Georges Kuhnholtz-Lordat, ingénieur agronome, botaniste

L’oeuvre magistrale de Georges Kuhnholtz-Lordat « remet l’église au milieu du village » quant à l’utilisation du FEU. Alors qu’une majorité d’intellectuels, médias, politiques et grand public élève l’Homme (technologies aidant) au sommet de l’Evolution, Georges Kuhnholtz-Lordat nous replace, ainsi que nos lointains Ancêtres au rang des apprentis sorciers concernant le feu et ce que l’on en fait. Dans leurs environnements souvent difficiles, il n’était bien sûr pas possible à nos anciennes « civilisations »  d’imaginer les conséquences de la découverte et de l’utilisation du feu, au fil des âges et jusqu’à nos jours.

Feu certes utile voire vital, facteur d’innombrables progrès. Feu qu’ils avaient cru et que nous croyons encore maîtriser… Telle une arme à double tranchant.

Au XXI ème siècle, nous entretenons encore cette illusion, car le FEU nous maîtrise plutôt que l’inverse ! Depuis sa « domestication » il y a quelques centaines de milliers d’années (environ 300 à 500 mille ans, certains auteurs proposent 700’000 ans…). Démographie aidant, moult effets co-latéraux du feu s’accentuèrent au cours des  millénaires jusqu’à nos jours. Utile face à de dangereux prédateurs, à de rudes climats, mais durant les guerres il s’agissait d’incendier habitats, fermes et moulins, récoltes, forêts, bref : affaiblir, vaincre l’ennemi. Pour la construction de châteaux, bateaux, armes et usages ménagers courants (cuisine, chauffage etc., ), extractions de métaux, les peuples  successifs consumèrent de gigantesques quantités de bois et autres matières organiques, parties en fumées (CO2 et autres polluants), participant déjà à modifier le climat . Des « techniques » de combustion détruisant d’immenses quantités de plantes et d’arbres, accélérant la raréfaction des couverts végétaux et l’appauvrissement des sols, et ce sur plusieurs millénaires.

Cycles Carbone-Eau-AgricultureHierarchieHumus_4

Au fil des temps anciens et jusqu’à nos jours, de -10’000 ans, -20’000 ans, -300’000 ans et plus, de tels désastres répétés constituèrent une lente mais vaste destruction à l’échelle quasi planétaire,  où l’espèce humaine se développa : de la Chine à l’Ouest africain, passant par le moyen Orient et le pourtour méditerranéen. S’ajoutant au FEU,  dès -10’000 ans, les labours répétés et l’excès d’animaux domestiques accentuèrent l’épuisement des sols et la désertification . Brûler volontairement forêts et savanes (écobuage) facilita l’installation de champs cultivés et de nouveaux parcours herbeux pour le bétail, … conduisant au surpâturage. S’accentuèrent érosion, désertification des sols par combustion / raréfaction végétale, carence de restitutions organiques puisque celles-ci nourrissent la terre qui nourrit les plantes : la formation de l’humus grâce aux organismes du sol, lesquels alimentent à leur tour les végétaux.

Quant aux engrais solubles dits « chimiques » et aux pesticides de synthèse, dans les années 1930 Georges Kuhnholtz-Lordat ne pouvait imaginer le développement de ces produits ni leurs conséquences. Mais il avait déjà fait le lien entre la régression des couverts végétaux, des sols vivants, de l’humus, et le déclin des civilisations. En tirerons-nous les enseignements, appliquerons-nous sur le terrain les corrections nécessaires, particulièrement en ces temps de COP21 sur les changements climatiques ?

Ou resterons-nous passifs face à ce lent suicide collectif  ?

Paru aux Editions de la Maison Carrée, Nîmes (ouvrage semble-t-il épuisé ?)

EXTRAITS :